Repères biographiques
1904
Maurice Estève naît à Culan (Cher), le 2 mai. Il passe toute son enfance auprès de ses grands-parents berrichons qui lui transmettent un savoir ancestral forgé au contact des réalités terriennes. De la maison familiale, située en contre-bas du village, avec son verger et ses resserres, il gardera toujours un souvenir ému et en fera plus tard son atelier.
1912
Très tôt, il commence à dessiner et sa grand-mère qui l’admire, parle avec respect de son « travail ».
1913
Lors d’un séjour à Paris auprès de ses parents, il découvre le musée du Louvre dont il a pris lui-même l’initiative de franchir seul les porte. C’est l’émerveillement. Cette première visite aura été décisive : « Je voyais désormais la nature à travers les tableaux. »
1914
Il vient passer les vacances d’été à Culan où il restera pendant les quatre années de guerre.
1915
Il commence à peindre. Dès ses plus jeunes années, Estève se passionne pour le dessin. En même temps qu’il apprend à écrire, il s’exerce à dessiner, dans la solitude. Cette solitude lui sera d’ailleurs chère, il la recherchera toujours comme le climat le plus propice au lent mûrissement de son œuvre.
1918
Il rentre à Paris où il travaille dans une maison d’art industriel. Ses journées de liberté sont consacrées à la visite de musées. Il ne recevra jamais directement d’autre enseignement que celui qu’il retire de ses longues méditations devant les œuvres du passé et du présent.
Il rencontre une opposition obstinée chez son père qui ne voit pas sans inquiétude la voie difficile dans laquelle s’engage son fils.
1919
Il peint Boulevard de Belleville, en vue plongeante depuis l’appartement de ses parents situé au 5ème étage. De la même année subsiste un autoportrait au fusain qui témoigne de la précocité du jeune artiste.
1923
La virulente opposition de son père à sa vocation de peintre et les terribles discussions qui s’ensuivent incitent Estève à accepter l’offre qui lui est faite de diriger, à Barcelone, un atelier de dessins de tissus. Il y reste un an. La vie espagnole l’attire, mais la lumière très dure le fait momentanément renoncer à la peinture.
1924
De retour à Paris, il fréquente l’atelier libre de l’Académie Colarossi à Montparnasse. Il étudie au Louvre les Primitifs et, parmi les modernes, s’enthousiasme pour Cézanne, son maître préféré. Il rencontre Camille Richez qui restera sa compagne jusqu’à sa mort en 1965.
1928
Il découvre le surréalisme et, pendant quelque temps, se plie à sa discipline. Cette expérience l’aide à s’évader de l’étude directe de la nature. Cependant, cette influence est brève et sans lendemain.
Il expose au Salon des Indépendants.
1929
Il participe au Salon des Surindépendants où il exposera jusqu’en 1938. Il connaît une vie difficile, exerçant mille petits métiers, peignant aussitôt qu’il a un peu d’argent.
1930
Première exposition particulière à Paris, galerie Yvangot. Ses peintures sont remarquées par Maurice Raynal.
Il quitte son atelier de la rue du Fouarre pour celui de la Porte de Vanves.
1932
Passionné de cinéma, Estève envisage d’abandonner la peinture pour la mise en scène. Il crée avec des amis peintres ou graveurs une publication d’esprit contestataire, Les Indélicats.
1936
Les événements de la guerre d’Espagne l’émeuvent et ravivent ses souvenirs catalans. Il peint alors plusieurs toiles à forte tendance expressionniste, silhouettes au graphisme sauvage, visages-masques aux yeux terrifiés.
1937
Sur le conseil de Braque, Gösta Olson, directeur de la Svensk-Franska Konstgalleriet de Stockholm, demande à Estève de participer à l’exposition « Peinture française », avec Matisse, Picasso, Juan Gris, Léger. Dès lors l’intérêt des pays scandinaves pour l’œuvre d’Estève ira en grandissant.
Il travaille sous la direction de Robert et Sonia Delaunay à la décoration des Pavillons de l’Aviation et des Chemins de Fer de l’Exposition universelle de Paris.
1939
Estève s’installe à Montmartre, rue Lepic.
Il est mobilisé à Brétigny et sera démobilisé à Auch en août 1940. Durant sa mobilisation, il note ses impressions de guerre sous forme de dessins rehaussés de couleurs.
1940
Il rencontre Louis Carré.
Bien que son nom figure sur le carton d’invitation de l’exposition « Vingt jeunes peintres de tradition française » à la galerie Braun à Paris, il n’y participe pas, n’ayant pu faire parvenir à temps l’œuvre prévue à cet effet.
Il expose au Salon d’Automne.
1942
À l’occasion de l’exposition « Hommage aux Anciens », organisée à Paris, par la galerie Friedland, Estève présente un « Hommage à Cézanne ».
Contrat d’exclusivité oral avec la galerie Louis Carré.
1945
Exposition « Bazaine, Estève, Lapicque » à la galerie Louis Carré.
1947
Estève inaugure la série des métiers avec Le Sculpteur.
1948
Première exposition particulière à la galerie Louis Carré (trente œuvres de 1935 à 1947).
1952
Estève réalise sa première lithographie en couleur à l’atelier Clot ; il poursuivra cette technique à l’atelier Desjobert en 1954, puis à partir de 1955 à l’atelier Fernand Mourlot.
1955
Il quitte Montmartre pour s’installer dans le 6ème arrondissement.
Dès cette année Estève travaille chaque été à Culan, plus spécialement à l’aquarelle, au fusain ou à des collages. Il réserve son atelier parisien pour la peinture.
1956
Pierre Francastel rédige la première monographie consacrée à Estève.
Exposition itinérante (œuvres de 1929 à 1955), à Copenhague, Statens Museum for Kunst et à Stockholm, Svensk-Franska Konstgalleriet.
1957
Il réalise les vitraux de l’église de Berlincourt en Suisse.
1961
Importante exposition-rétrospective itinérante de cent cinquante peintures, trente aquarelles et dessins (œuvres de 1920 à 1960) au Kunsthalle de Bâle, au Kunstverein de Düsseldorf, à Copenhague, Statens Museum for Kunst et à Oslo, Kunstnernes Hus.
1963
Il exécute, avec l’aide de Pierre Baudouin, ses premiers cartons de tapisseries qui seront tissés par la maison Pinton à Felletin. Il réalise une série de monotypes.
1965
Estève réalise ses premiers collages.
1970
Estève reçoit le grand prix national des Arts.
1982
Estève souhaitant faire don d’un nombre important de ses œuvres, quelques amis fondent une association pour l’aider à trouver le lieu susceptible de présenter en permanence cette donation.
1985
Le 2 juillet signature de l’acte de donation à la ville de Bourges de cinquante-neuf huiles sur toile, trente-quatre dessins, vingt aquarelles, dix collages et deux tapisseries.
1986
Émission d’un timbre-poste français reproduisant Skibet, une toile de 1979.
1987
Inauguration du musée Estève en l’Hôtel des Échevins à Bourges.
1989
Estève crée une affiche dans le cadre des manifestations organisées à Bourges à l’occasion du bicentenaire de la Révolution française de 1789.
Signature de l’acte d’une deuxième donation à la ville de Bourges.
1990
Paris, galerie Louis Carré & Cie, exposition de peintures récentes.
1992
Paris, FIAC, stand de la galerie Louis Carré & Cie, exposition de collages.
1993
Estève crée une affiche (collage reproduit en sérigraphie) pour commémorer l’inscription de la cathédrale Saint-Étienne de Bourges au patrimoine mondial de l’Unesco.
Il réalise l’affiche et la couverture du programme du festival d’Art lyrique d’Aix-en-Provence.
À l’occasion du festival, le musée des tapisseries présente une exposition rétrospective de l’œuvre lithographique.
Au cours de son voyage à Aix-en-Provence, Estève est invité au Jas de Bouffand. Dès son retour à Culan, en réponse à son séjour au pays de Cézanne, il réalise une série d’aquarelles présentée à la galerie Louis Carré au printemps 1994, à l’occasion du 90ème anniversaire de l’artiste.
1994
Monique Prudhomme-Estève achève la préparation du catalogue raisonné de l’œuvre peint de Maurice Estève. L’ouvrage, précédé d’une monographie rédigée par Robert Maillard, est édité par Ides et Calendes et publié à l’automne 1995.
1995
Exposition simultanée à la galerie Louis Carré & Cie et au musée Estève à Bourges à l’occasion de la parution du catalogue raisonné de l’œuvre peint de Maurice Estève.
1996
John et Kim Menzer réalisent un documentaire Le Chant des couleurs chez Maurice Estève présenté au Centre Pompidou à Paris lors de la cinquième Biennale internationale du film d’Art.
1997
À l’occasion de son 10ème anniversaire, le musée Estève reçoit en donation de Monique et Maurice Estève l’ensemble des lithographies originales du peintre (quatre-vingt-deux lithographies).
1998
Exposition à la galerie Louis Carré & Cie, « Estève insolite, Œuvres inédites ».
2000
Exposition personnelle sur le stand de la galerie Louis Carré & Cie à la FIAC.
2001
Estève meurt dans sa maison de Culan le mercredi 27 juin. Il est enterré au cimetière de Culan le 29 juin.