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1875
Né le 31 juillet à Damville, en Normandie, Émile Méry Frédéric Gaston Duchamp – qui prendra le pseudonyme de Jacques Villon – est l’aîné d’une fratrie de six enfants.
Son père, Justin Isidore Eugène Duchamp (1848-1925), receveur de l’enregistrement, deviendra peu après notaire à Blainville, près de Rouen.
Sa mère, Marie Caroline Lucie, née Nicolle (1856-1925), est une dessinatrice de talent. Elle dessine notamment des vues de Rouen pour décorer des services en porcelaine.
Il est le frère du sculpteur cubiste Raymond Duchamp-Villon (1876-1918), du peintre Marcel Duchamp (1887-1968) et du peintre Suzanne Duchamp (1889-1963), future épouse de l’artiste Jean Crotti. Deux autres sœurs, Yvonne et Magdeleine, naissent respectivement en 1895 et 1898.
Famille bourgeoise et aisée, aux inclinations esthétiques : les parents, Eugène et Lucie Duchamp, entretiennent chez leurs enfants la pratique d’activités culturelles : lectures, musique et jeu d’échecs.
Le grand-père maternel, Émile Frédéric Nicolle (1830-1894), est un homme d’affaires avisé, courtier maritime et un artiste à la fois peintre et graveur. C’est lui qui initiera ses petits-enfants à l’art.
1891
Interne au lycée Corneille de Rouen, le jeune Gaston passe les dimanches chez son grand-père maternel, qui lui enseigne l’art de la gravure et de la peinture.
À 16 ans, Gaston Duchamp grave le portrait de son grand-père, puis celui de son père.
1894
En janvier, il part étudier le droit à l’Université de Paris.
En juillet, il rentre à Rouen. Clerc chez un notaire de la ville pendant trois mois, Gaston Duchamp, peu assidu à l’étude, fréquente l’École des beaux-Arts, où il retrouve Philippe Zacharie, qui fut son professeur de dessin au lycée. C’est par hasard qu’il découvre, chez un marchand de couleurs, les dessins d’Henri de Toulouse-Lautrec.
Il envoie quelques dessins humoristiques à des journaux locaux : Rouen Artiste et L’Étudiant.
Bien qu’hostile à la vocation artistique de son fils, son père l’autorise à étudier l’art à condition qu’il poursuive ses études de droit. Il lui alloue une pension mensuelle de 150 francs or jusqu’en 1910, à valoir sur son héritage.
1895-1897
Abandonnant définitivement le « papier timbré », Villon s’installe à Paris, rue des Écoles, avec son frère Raymond Duchamp-Villon.
Par respect pour son père (« Mon père était un homme bien. Il était notaire ; moi j’étais un révolté et je ne voulais pas le blesser… »), il adopte le pseudonyme de Jacques Villon, en référence à François Villon.
Le prénom Jack (Jacques) vient du roman d‘Alphonse Daudet paru quelques années plus tôt.
Il fréquente deux années, sans grande ferveur, l’atelier Cormon du boulevard Clichy, tandis que son frère poursuit ses études de médecine.
Il s’installe à Montmartre et très vite l’atmosphère artistique du quartier lui fait perdre tout intérêt pour une carrière juridique.
Villon envoie ses dessins à des journaux humoristiques tels l’Étudiant, Le Chat Noir, Gil Blas, Le Rire, Cocorico ou Frou-Frou, qui le publient régulièrement, et réalise ses premières lithographies en noir sur une presse dont son père se servait pour tirer ses affiches de ventes mobilières.
1897
Il accomplit son service militaire au 24e Régiment d’Infanterie de Ligne à Paris.
Le 24 avril, Le Rire publie son dessin en dernière couverture (la première couverture étant confiée à Toulouse-Lautrec).
Le 3 octobre, Le Courrier français accepte un premier dessin. Jules Roques, directeur du journal, le publiera chaque semaine, jusqu’à sa mort, en 1910.
Au Courrier français, Villon rencontre Steinlen, Willette, Forain, Louis Legrand.
1898
Villon s’installe rue Caulaincourt où il a pour voisins Steinlen, Jourdain et Kupka. Il fréquente le Moulin Rouge où il rencontre Edgar Degas et Toulouse-Lautrec, et poursuit sa collaboration avec les journaux satiriques.
1899
Il réalise ses premières lithographies en couleur qui sont imprimées par Eugène Delâtre.
De cette époque datent des affiches pour les célèbres cabarets, La Guinguette fleurie, du faubourg Montmartre et Le Grillon de la rue Cujas, ainsi qu’une affiche pour les Folies Bergère de Rouen et six affiches pour le cinéma qu’il signe Montcorbier.
Tenté par l’exemple de Francis Jourdain, son voisin d’atelier, Villon réalise ses premières gravures en couleur. De 1899 à 1911, ses gravures en noir et en couleur sont éditées par Edmond Sagot qui publie aussi, en 1906, un album de ses lithographies en couleur.
1901
Première participation à un salon : il présente deux gravures à la Société nationale des Beaux-Arts.
Un portrait de Villon par David Ossipovitch Widhopff est publié dans Le Courrier français du
30 juin. Dans le même numéro, Hugues Delorme, alors rédacteur au journal, salue sa technique et son humour.
1902
Il compose l’intégralité d’un numéro spécial de L’Assiette au Beurre intitulé « La Vie facile » (n° 46 du 15 février).
1903
Villon participe au premier Salon d’automne qui se tient au Petit Palais. Il a aussi aidé à l’organisation de la section « Dessin ».
La première toile présentée par Villon est refusée. Chaque membre du jury ayant le droit de choisir librement un tableau éliminé par le Comité, sa toile est « repêchée » par Desvallières.
1904
Il devient membre à vie du Salon d’automne et entre au Comité.
Son frère Marcel le rejoint à Paris. Ils s’inscrivent à l’académie Julian que Jacques fréquentera d’octobre 1904 à août 1905 (période néo-impressionniste). Il réalise d’élégantes gravures à la manière de Paul Helleu, un style qu’il désavouera plus tard.
1905
Première exposition à la galerie Legrip à Rouen, avec Duchamp-Villon.
Entre 1904 et 1906, il rentre vivre une année à Rouen.
1906
De nouveau à Paris, il retourne rue Caulaincourt mais très vite décide de quitter Montmartre qu’il trouve trop bruyant. Il a besoin d’isolement et d’une certaine solitude.
Il s’installe à Puteaux, dans une maison située 7 rue Lemaître, qu’il ne quittera plus.
Il a pour voisin Frantisek Kupka.
1907
Villon adhère au Groupe des XXX créé à Rouen par Pierre Dumont, rebaptisé Société normande de Peinture moderne. Les expositions présentées préfigurent celles de la Section d’or.
Il se consacre de plus en plus à la peinture et peint quelques toiles très colorées, dans lesquelles il emploie très librement la couleur, poussée à son maximum d’intensité.
Son frère Raymond et sa jeune épouse Yvonne viennent le rejoindre rue Lemaître avec leur beau-frère Jacques Bon.
1909-1910
Peu à Peu, Villon cesse de pratiquer le dessin satirique.
1910
À la mort de Jules Roques, directeur du Courrier français, il rompt toute collaboration avec les journaux humoristiques. Malgré les difficultés financières qu’entraîne sa décision, il veut consacrer tout son temps à la peinture.
1911
Au printemps, ses frères et lui-même font la connaissance de Gleizes, Metzinger, Le Fauconnier, La Fresnaye. Les contacts se multiplient dans des rencontres régulières qui ont lieu dans les cafés, place de l’Alma ou à « La Closerie des Lilas » lors des mardis de Paul Fort ou chez Gleizes, à Courbevoie.
C’est alors que débutent les réunions des dimanches de Puteaux, les discussions portant sur le nombre d’or, la géométrie non euclidienne, la chronophotographie de Marey, la quatrième dimension. Le groupe de Puteaux, auquel se sont joints Metzinger et Picabia, puis Léger, défend un cubisme orienté sur la traduction plastique du mouvement, alors que le groupe de Montmartre (Braque et Picasso) évolue vers un cubisme « analytique ».
Les membres du groupe se retrouvent aussi aux dîners des « artistes de Passy », le premier ayant lieu le 12 septembre dans la maison de Balzac rue Raynouard, en hommage à Cézanne, dont La Fresnaye prononce l’éloge.
Raymond Duchamp-Villon ayant été chargé de l’accrochage au Salon d’automne, les envois de ces peintres et des sculpteurs Archipenko et Csaky se trouvent groupés dans la salle centrale du Grand Palais. Cette « salle cubiste » suscite de vives critiques malgré le soutien d’Apollinaire (L’Intransigeant), de Roger Allard (La Revue indépendante) et d’Hourcade (Durandal).
Clovis Sagot devient l’éditeur des gravures de Jacques Villon.
1912
Jacques Villon qui a lu la traduction de Joséphin Péladan du Trattato della Pittura de Léonard de Vinci, propose le titre de la Section d’or, repris lors de l’exposition du groupe à la galerie de la Boétie du 10 au 30 octobre, introduite par Guillaume Apollinaire. C’est pour lui le symbole d’une recherche d’ordre fondée sur les proportions mathématiques, reflétant les modes et relations qui se trouvent dans la nature. Le premier et unique numéro de la revue La Section d’ordonne un compte rendu de l’exposition signé par Maurice Raynal.
Au Salon d’automne, avec la complicité de Marie Laurencin, Maurice Marinot, Richard Desvallières et Roger de La Fresnaye, Raymond Duchamp-Villon et André Mare présentent La Maison cubiste, qui suscite de nombreuses polémiques. Raymond en a dessiné la façade, d’inspiration cubiste, Jacques Villon a participé aux décors.
Devant l’hostilité croissante de Frantz Jourdain, président de Salon d’automne, à l’égard des cubistes, Jacques Villon donne sa démission de membre du comité.
1913
L’artiste et écrivain d’art américain Walter Pach, qui a fait la connaissance de Raymond Duchamp-Villon à l’occasion de la Maison cubiste et qui a suivi les activités du groupe, invite les frères Duchamp à participer à l’International Exhibition of Modern Art (Armory Show) à New York. Les neuf toiles de Jacques Villon présentées y sont vendues.
Le 22 octobre, Villon épouse Gabrielle Bœuf, dite Gaby.
1914
En février, Villon participe à l’exposition de la galerie Mánes à Prague avec Gleizes, Lhote, Metzinger, Mondrian et les sculpteurs Archipenko, Brancusi et Duchamp-Villon. En avril il expose à la galerie Groult avec son frère Raymond, Gleizes et Metzinger.
Il est mobilisé le 2 août au 21e Régiment d’infanterie territoriale à Rouen. En octobre, il est au Front et prend part à la bataille de la Somme, puis est envoyé en Champagne.
1915
Marcel Duchamp part pour New York.
1916
En juin, Villon est affecté au service du camouflage. À partir des ateliers d’armée d’Amiens, il va préparer des camouflages jusque dans les lignes.
1918
Son frère, Raymond Duchamp-Villon, atteint de la fièvre typhoïde, meurt à l’hôpital militaire de Cannes.
1919
Villon est démobilisé en janvier.
1919-1922
Première période abstraite.
La lecture du Traité de la couleur au point de vue physique, physiologique et esthétique, comprenant l’exposé de l’état actuel de la question de l’harmonie des couleurs de M. A. Rosenstiehl, et l’expérience acquise au service du camouflage pendant la guerre, le conduisent à exprimer les volumes par « plans » géométriques superposés qui se confondent avec le rythme du tableau. Il essaie de créer des équivalences qui expriment l’essence des choses dans des toiles souvent peu colorées (gris ou brun), ou presque monochromes (rouges).
1921
L’artiste grave trente-quatre planches pour Architectures, recueil publié sous la direction d’André Mare et Louis Süe qui comprend une édition pré-originale du texte de Paul Valéry, Eupalinos ou L’Architecte. Villon insère dans le recueil sa gravure du Baudelaire au socle sculpté par Raymond en 1911. Son travail fait désormais souvent allusion à l’œuvre de ses frères Marcel et surtout Raymond. Dans un testament du 21 mai 1916, Duchamp-Villon avait indiqué : « Mes frères et mes sœurs, mes parents et les siens ainsi que Jacques Bon pourront à leur choix, si cela leur est agréable, faire tirer mes œuvres, en la matière qui leur conviendra. Toutefois ils devront se conformer aux traités concernant certains de ces tirages. »
Première exposition personnelle à New York, Société Anonyme Galleries. Le catalogue est préfacé par Walter Pach.
1922
À l’occasion de son exposition avec Louis Latapie à la galerie Povolozsky, Maurice Raynal lui consacre une critique favorable dans L’Intransigeant du 22 juin : « Art un peu spécial, peut-être, art propre à intéresser les professionnels pour qui le jeu des combinaisons, des formes colorées, est toute la peinture. Soit, mais un art légitime, parce que purement pictural, basé sur une esthétique établie… Villon sait qu’une ligne, une courbe, un volume ont autant de valeur spécifique qu’un mot, une phrase, une période. »
1922-1930
Pour vivre, Jacques Villon est de nouveau obligé de recourir à la gravure d’une façon pressante. Il grave une série de reproductions en couleur, d’après les œuvres de maîtres modernes, éditées et diffusées en grande partie par la galerie Bernheim-Jeune : Matisse, Picasso, Manet, Dufy, Braque, etc., mais aussi une peinture de sa sœur Suzanne et de son beau-frère Jean Crotti. Les planches sont maintenant au catalogue de la Chalcographie du Louvre qui en assure toujours la diffusion.
Parallèlement, il poursuit, dans une très grande solitude, ses recherches personnelles. Jouant d’incessants passages entre ses recherches graphiques, son travail de graveur et une approche dynamique de l’abstraction, il aboutit à un rythme abstrait unique dont le plan est confondu avec celui du tableau (série des courses et du jockey).
1925
En janvier a lieu la dernière exposition de la Section d’or à la galerie Vavin-Raspail, Paris.
Ses parents meurent coup sur coup, sa mère le 29 janvier, son père le 3 février.
1928
Walter Pach organise et préface une exposition de ses œuvres, peintures, dessins, gravures, à La Brummer Gallery, à New York. La galerie Bernheim-Jeune expose à Paris les états de ses gravures d’après les œuvres des maîtres modernes.
Villon est partagé entre l’entreprise de ses gravures pour Bernheim-Jeune et des planches autonomes dans lesquelles il revient au motif et au modèle. Il ne cesse pourtant pas de peindre, s’attachant particulièrement à renouveler son approche de la couleur : division chromatique de la toile, touches et plans colorés selon les lois du cercle chromatique.
1931
Après que sa famille eut donné l’un des plâtres du Cheval de Duchamp-Villon au musée de Grenoble, en 1930, Jacques Villon relance le projet d’agrandissement de cette sculpture. Duchanp-Villon souhaitait la développer aux dimensions du plein air. Jacques Villon fait exécuter en bronze une épreuve d’un mètre de hauteur, s’inspirant de l’armature laissée dans l’atelier. Appelée Le Grand Cheval, cette pièce est conservée au Centre Pompidou/Musée national d’art moderne, qui a recueilli depuis la quasi-totalité de son atelier. Marcel baptisera Cheval Majeur, le grand modèle (1,50 mètre) qu’il fera exécuter, en 1966.
1932-1933
Poussé par Albert Gleizes, Villon adhère au mouvement Abstraction-Création, Art non-figuratif. Il expose en 1932 deux peintures de 1921-1923 puis engage une nouvelle période d’abstraction avec une série de toiles à structure pyramidale réunissant des rectangles concentriques qui accueillent en superposition des motifs purement linéaires ou figuratifs. Il en montre deux lors de la deuxième exposition en 1933. Mais, rétif à l’embrigadement et aux doctrines, il restera désormais solitaire, à l’écart de la vie artistique. La suite des autoportraits peints en 1935 (Homme dessinant) manifeste ce désir de concentration.
L’Arts Club de Chicago lui consacre une exposition de peintures et gravures préfacée par Walter Pach.
1934
Exposition de vingt-quatre peintures à la Mary Harriman Gallery, à New York. À l’occasion d’un voyage à Mougins, il développe son intérêt pour le paysage.
1936
Au printemps, il se rend aux États-Unis en compagnie de Gaby. Il séjourne à New York chez Gerda Stein et réalise une série de dessins des gratte-ciel depuis les fenêtres de l’appartement. Il voyage en Nouvelle-Angleterre où il rend visite à Katherine Dreier et à Walter Pach.
Il est alors plus reconnu aux États-Unis qu’en France.
Alfred Barr inaugure le 3 mars la grande exposition « Cubism and Abstract Art » au Museum of Modern Art de New York. Elle inclut plusieurs œuvres de Villon.
1937
Jacques Villon reçoit, à l’Exposition internationale de Paris, deux diplômes d’honneur et une médaille d’or pour la peinture et la gravure. Coïncidant avec les deux expositions artistiques présentées dans le cadre de l’Exposition, les planches qui accompagnent les Poésies de Pierre Corrard témoignent de son incertitude artistique. La gravure de « L’Art de demain » propose un jalonnement d’œuvres de Matisse, Picasso, Mondrian avec Le Grand Cheval de Duchamp-Villon qui s’achève sur un point d’interrogation.
1938-1939
En 1938, il fait la connaissance de Louis Carré à l’occasion du mariage de sa filleule Anne-Françoise Mare, fille d’André Mare, avec l’architecte Marc Vène.
En 1939, Villon est fait Chevalier de la Légion d’honneur.
1940-1941
Avant de quitter Puteaux, Villon enterre les sculptures de son frère dans le jardin pour en assurer la protection.
« Loin du fracas », l’artiste séjourne dans l’Eure, à Bernay, chez André Mare, puis à La Brunié (Tarn) chez les Vène, où il peint des paysages. L’organisation et la mécanisation nouvelles de l’agriculture l’intéressent. Sa recherche de synthèse se fonde sur l’observation du motif et de nombreuses études préalables.
1942
Jacques Villon revient à Puteaux.
Exposition à la galerie de France, à Paris, de cinquante-deux peintures de 1909 à 1941, accompagnées de sculptures de Duchamp-Villon, avec une préface de René-Jean.
Louis Carré lui achète la totalité de ses peintures et s’engage à défendre son œuvre.
Un certain nombre de « jeunes peintres de tradition française », qui s’étaient manifestés dès 1941 à la galerie Braun, revendiquent son influence (Bazaine, Beaudin, Estève, Gischia, Manessier, etc.)
1944
Jacques Villon expose pour la première fois à la galerie Louis Carré.
Le catalogue de l’exposition, préfacé par René Char, présente trente-neuf peintures.
L’exposition est un grand succès et la notoriété de l’artiste s’étend rapidement, notamment en Angleterre grâce à un article de Raymond Mortimer paru dans la revue Horizon (1945).
Il a alors soixante-neuf ans. Pendant les quinze années précédentes, Villon a travaillé dans un isolement presque complet et une grande solitude. Son œuvre est enfin reconnu et sera tout au long des années 1950 exposé dans le monde entier.
1945
La Yale University Art Gallery présente une exposition « Marcel Duchamp, Raymond Duchamp-Villon, Jacques Villon », qui circule à travers les États-Unis.
1949
Jacques Villon reçoit le grand prix de la gravure à l’exposition de Lugano. Dans les années d’après-guerre, il poursuit son œuvre de graveur avec un éclectisme qui le conduit à revisiter les étapes de son œuvre peint.
Louis Carré expose dix-sept peintures de Villon dans sa nouvelle galerie de New York, présentées par Jerome Mellquist.
1950
« The Pittsburgh International Exhibition of Paintings » du Carnegie Institute lui décerne le premier prix Carnegie.
Le catalogue raisonné de son œuvre gravé par Jacqueline Auberty et Charles Perusseaux est publié chez Prouté et La Hune présente une première exposition de cent cinquante gravures.
Pierre Cailler lui consacre un numéro de la revue Art-Documents avec un texte de Jerome Mellquist.
1951
Jean Cassou réunit au Musée national d’art moderne une rétrospective de quatre-vingt-cinq peintures de Jacques Villon.
La galerie Louis Carré présente à nouveau son œuvre gravé, un domaine de son activité qui finit par retenir l’attention au détriment de l’intérêt porté à sa peinture, dont la singulière liberté thématique et l’étrange alacrité des couleurs surprennent en plein triomphe de l’abstraction.
Jean Adhémar préface une nouvelle exposition de gravures en 1954 avant d’organiser en 1959, à la Bibliothèque nationale, une rétrospective complète de l’œuvre gravé (1891-1959).
1953
Exposition « Jacques Villon : His Graphic Art » au Museum of Modern Art de New York, préfacée par William S. Lieberman.
Il est promu commandeur de la Légion d’honneur et commandeur des Arts et Lettres.
1955-1957
Robert Renard, architecte en chef de la cathédrale de Metz, et l’inspecteur des Monuments historiques Jacques Dupont, proposent Jacques Villon pour la réalisation des vitraux de la chapelle du Saint-Sacrement de la cathédrale Saint-Étienne de Metz. Réalisée par les maîtres verriers de Reims, Brigitte Simon et Charles Marq, cette première commande officielle dans un grand monument national inaugure une nouvelle politique de l’État dans ce domaine.
1956
Francis Poulenc met en musique des poèmes de Paul Eluard sur le Travail du Peintre. Une mélodie est consacrée à Jacques Villon.
L’artiste reçoit le grand prix de peinture de la XXVIIIe Biennale de Venise, où son œuvre, représenté par trente-huit peintures, est présenté par Raymond Cogniat.
1957
James Johnson Sweeney organise au Solomon R. Guggenheim Museum, à New York, une exposition « Jacques Villon, Raymond Duchamp-Villon, Marcel Duchamp », qui est ensuite présentée à Houston.
1958
Il reçoit le grand prix de peinture à l’Exposition universelle de Bruxelles.
1961
Jacques Villon est élu membre d’honneur de l’American Academy of Arts and Letters et du National Institute of Arts and Letters (États-Unis).
Raymond Nacenta présente à Paris, galerie Charpentier, l’exposition « Cent tableaux de Jacques Villon », qui réunit des peintures, aquarelles et gravures venues du monde entier. Jean Tardieu écrit la préface du catalogue.
L’artiste est invité d’honneur à la VIe Biennale de São Paulo où une salle lui est consacrée, regroupant trente-trois peintures et vingt-deux gravures.
L’exposition « Dix peintres autour de Jacques Villon », présentée au palais de la Méditerranée à Nice, au musée des Beaux-Arts de Nancy, puis au musée des Beaux-Arts de Tours (en 1962), lui rend hommage.
1963
L’artiste, qui vient d’être promu grand officier de la Légion d’honneur, meurt le 9 juin dans son atelier de Puteaux. Il est âgé de quatre-vingt-sept ans.
Des funérailles officielles sont organisées à Puteaux le 12 juin avec des prises de parole de Jean Cassou, Gaëtan Picon, de l’abbé Maurice Morel et du sén