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Par Jean-Pierre Greff
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1904
Jean Bazaine est né le 21 décembre à Paris. Ses origines familiales se situent en Lorraine et dans les Cornouailles britanniques. Il vit son enfance et son adolescence entre Paris et le bonheur d’une maison de campagne à Forges, dans la vallée de Chevreuse. Très jeune, il acquiert le goût de la sculpture.
Vers 1912
Une photographie le montre tenant la main de Roland Garros, sur la plage à Dinard. « Mon père étant dans l’aviation, raconte Bazaine, je passais, enfant, tous mes jeudis et dimanches à Villacoublay ou à Issy-les-Moulineaux. » Il est probable que ces journées passées sur les champs d’aviation, au temps des premières conquêtes de l’air, l’aient durablement fasciné, jusqu’à peut-être constituer l’origine inconsciente d’une vocation à l’espace et au mouvement.
1921
En classe de philosophie au lycée Janson de Sailly, il a comme professeur Gustave Rodrigues, disciple de Bergson qu’il a beaucoup lu : « L’Évolution créatrice, cela m’a beaucoup préoccupé, dira Bazaine, et “influencé” sans doute. »
1922
Après un court passage à l’École des beaux-arts dont l’enseignement le décourage, il entre à l’académie Julian, puis chez Landowski où il poursuit la pratique de la sculpture.
1922-1925
Parallèlement à ces premières expériences artistiques, il fait une licence ès lettres en Sorbonne (un certificat d’histoire de l’art et trois de philosophie). En art ancien et médiéval, il suit l’enseignement d’Émile Mâle puis de Focillon (qui le mettra en garde contre la précarité de la situation de peintre). Il participera, sous la présidence de celui-ci, et en compagnie entre autres de Baltrusaitis, au premier « Groupe d’histoire de l’Art » de la Faculté des lettres de Paris qui aboutira rapidement à la création de l’Institut d’art et d’archéologie. C’est dans ce contexte qu’il publie en 1928 un premier texte dont le titre est révélateur : « La “densité” dans le dessin et dans la peinture ».
1924
Bazaine commence à peindre. Très vite, il travaille seul, dessine d’après les Maîtres au Louvre et d’après nature, exercice qui ne cessera de le passionner sa vie durant. Au cours de ses voyages, ou à Saint-Guénolé en Bretagne, il remplit des carnets de croquis qui n’ont d’autre objet que d’intérioriser sa vision. Bien plus tard, dans le cours des années soixante, il reprendra plusieurs séries de dessins d’après Delacroix, Rubens, Watteau.
1925
Il écrit un « récit romancé », Quelqu’un d’autre ou le Voyageur immobile, qu’il renonce à publier malgré le soutien que lui apporte Adrienne Monnier. Cependant, ce récit qui s’achève dans la mer et le vent révèle déjà nombre des préoccupations qui seront celles de sa peinture.
Son père l’ayant emmené adolescent au Vieux Colombier – pour La Nuit des Rois mise en scène par Copeau, dont il gardera un souvenir enchanté –, Bazaine s’intéresse alors vivement au théâtre d’avant-garde comme il se passionne pour les Ballets russes de Diaghilev ou la Revue nègre. Il commence dès cette époque à imaginer des décors et costumes de théâtre, d’un total dépouillement, et rencontre ainsi Copeau et Dullin avant-guerre, Jouvet plus tard. Il réalisera en 1936 des décors et costumes pour Les Perses d’Eschyle, spectacle du groupe de Théâtre antique de la Sorbonne et première de ses nombreuses collaborations à des créations théâtrales, notamment pour des mises en scène de Maurice Jacquemont, Jean Dasté et Catherine de Seynes.
Vers 1928
Il entreprend une traduction de Waves de Virginia Woolf et découvre avec fascination l’œuvre de Joyce (Ulysse,Épiphanies), qui restera avec Proust et Faulkner, l’un de ses auteurs favoris : « Plus qu’un exemple, je trouvais probablement là une justification de ce que je cherchais, malgré moi, en peinture, remarque-t-il. C’est-à-dire un monde à plusieurs sens, à plusieurs épaisseurs, chaque mot ayant des significations multiples, chaque phrase par conséquent des destinées multiples, et je voulais que ma peinture ait elle aussi cette multiplicité de lectures possibles en profondeur, que le fond soit la forme, la forme le fond, etc. »
1930
Bazaine entre à la galerie Jeanne Castel, à Paris, où il exposera jusqu’à la guerre en compagnie de Fautrier, Gœrg, Pougny et Gromaire avec qui il sera très lié.
1932
À l’occasion de sa première exposition particulière, galerie Van Leer, à Paris, Bazaine rencontre Bonnard, l’artiste qu’il admire le plus profondément. « Je suis content de voir quelqu’un qui travaille dans ma voie, je suis si seul », lui dit alors Bonnard qui ne cessera par la suite de l’encourager : « Si j’avais votre âge, c’est dans cette direction que je travaillerais », dira-t-il encore peu avant sa mort alors qu’il avait épinglé dans son atelier une petite reproduction en couleur d’une toile récente de Bazaine (Promeneuse et Nu au balcon, 1945, conservée à la Kunsthalle de Hambourg).
Rencontre avec Emmanuel Mounier aux débuts de la revue Esprit à laquelle Bazaine collaborera de 1934 à 1938. Le Personnalisme de Mounier contribue fortement à informer ses convictions esthétiques. Il en détermine davantage encore la définition éthique, l’amenant à vivre sa vie de peintre comme un engagement, dans l’œuvre même, indissolublement liée à l’existence, mais aussi quotidien. En marge des groupes constitués, Bazaine ne cessera de manifester ce souci d’engagement culturel et social, fondé sur une conscience personnelle « de gauche ».
1934-1937
Bazaine peint une importante suite d’aquarelles, travaillées comme il ne cessera de le faire, c’est-à-dire retournées dans tous les sens, indéfiniment regrattées et relavées. Reprises à la plume et à l’encre de Chine, en tracés-graffitis altérés, elles sont prémonitoires du développement futur de sa peinture. Dès cette époque, l’aquarelle, généralement traitée en genre mineur, s’impose au contraire comme un élément essentiel de sa production et un fondement de sa démarche.
1936
Premier séjour à Saint-Guénolé où il retournera désormais chaque année. Comme en Hollande où il séjournera plus tard, Bazaine trouve dans cet espace sans pittoresque l’un des thèmes d’inspiration permanente de son œuvre : la mer qui, eaux, vent et rochers mêlés en un combat incessant, incarne la genèse perpétuelle du monde.
1937
À l’occasion de l’exposition L’Art indépendant, Maîtres d’aujourd’hui, au Petit Palais, Bazaine fait la connaissance de Jacques Villon auquel le liera une profonde amitié.
Premier vitrail réalisé pour une chapelle privée : Les Instruments de la Passion (réal. J. Hébert-Stevens). À cette occasion, Bazaine apprend une technique qui ne cessera de le passionner et dont il renouvelle la pratique. En effet, il ne se contente pas de fournir au maître verrier une maquette en réduction, mais exécute les cartons et choisit chacun des verres qu’il peint à la « grisaille ».
1939
Obtient les prix Blumenthal (Paysage de neige aux chanteurs, 1936) et Pour que l’Esprit vive.
1939-1940
Mobilisé, Bazaine se trouve aux avant-postes en Lorraine. Dans ce monde insolite, menacé, et où il n’était plus en face mais dedans, quelques dessins suffisent à l’expérience d’une nature bouleversée. Cette plongée dans l’élémentaire détermine son évolution, plutôt subie que voulue, vers la non-figuration de 1942 à 1947.
1941
Bazaine est chargé de la section « Arts plastiques » au sein du groupe « Jeune France ». Fondée en zone non occupée et dirigée à Paris par Paul Flamand, l’organisation sera dissoute par les autorités après neuf mois d’activité. Il y rencontre quotidiennement Jean Vilar, chargé du théâtre, Pierre Schaeffer, pour la musique, et Maurice Blanchot, chargé de la section lettres.
Il organise avec André Lejard, en dépit de l’attitude officielle envers « l’art dégénéré », la première exposition de peinture d’avant-garde de l’Occupation, sous le titre tout à la fois rassurant et provocant de Jeunes Peintres de Tradition française. L’exposition est présentée à la galerie Braun, située rue Louis-le-Grand, à deux pas de la Kommandantur. Le vernissage a lieu le 10 mai, date anniversaire de l’offensive allemande. Cette manifestation marque le réveil d’une vie culturelle contemporaine et libre, au centre de laquelle se trouve alors l’œuvre des « jeunes peintres » régulièrement vilipendée par la presse collaborationniste.
La même année, Bazaine expose, avec Pignon, à la galerie Jeanne Bucher, à Paris. Il acquiert une petite chaumière à Sausseux, non loin de Chartres. Ce pays, le plus modeste qui soit, à la limite de la Beauce, « où il n’y a rien en apparence, où toutes les forces sont cachées », dit-il, l’enchante par son espace ouvert.
1941-1942
Bazaine publie plusieurs textes dans la N.R.F. – « Je ne crois pas, déclare-t-il dès 1941, à une politique d’absence ou d’attente, ou de prudence. Ce sont là les noms dont aime à s’orner une trop aveuglante lâcheté » –, mais la teneur de ses propos provoque de sévères réactions officielles. En particulier, l’article « Masques corporatifs » (décembre 1941), qui parvint à déjouer le projet d’une Corporation des artistes de France et d’un Conseil de l’ordre dont les statuts draconiens visaient à placer l’art et les artistes sous tutelle, lui valut plusieurs interrogatoires et la ferme menace de rejoindre le front russe en cas de récidive.
« L’enfant de cette guerre, écrivait auparavant Bazaine dans Guerres et Évasions, j’ai grand-peur que ce ne soit un enfant sage. Un petit monsieur pourri de préjugés, tout empêtré dans son orgueil de n’être ni rouge, ni blanc, ni juif. Ni rien. Pas même Français. Un brave petit art français bien moyen, bien sérieux, bien économe de rêve, d’audace et d’invention. »
D’autres articles méprisent le faux dessin de Cocteau (alors très en vogue), mais disent son admiration pour Matisse, Picasso, Léger, Braque, Bonnard, Miró et Klee (alors quasi interdit), fustigent violemment Vlaminck, auteur d’une attaque odieuse à l’encontre de Picasso, louent « le geste libérateur de Dada », raillent Camille Mauclair, éminent collaborateur en matière de politique culturelle…
1941-1945
Parallèlement à ses textes de « combat », Bazaine publie divers articles consacrés à « La peinture d’aujourd’hui » (Comœdia), à Matisse, Braque, Bonnard, Villon et Léger, définissant à travers eux l’esthétique commune et les enjeux que poursuivent les « Recherches des jeunes peintres » (Formes et Couleurs, Lausanne).
1942
Entre avec Estève à la galerie Louis Carré où il exposera jusqu’en 1948 et où il fait également admettre Villon et Lapicque. Pendant l’occupation, Bazaine rencontre et se lie d’amitié avec les jeunes poètes et écrivains d’alors : Guillevic, Seghers, Follain, Bataille, Arland, mais surtout André Frénaud et Jean Tardieu avec lesquels il engage un dialogue ininterrompu.
1942-1947
Bazaine réalise sa première œuvre monumentale d’art sacré à l’église du plateau d’Assy.
Rencontre avec le Père Couturier qui, après l’expérience un peu confuse d’Assy, confiera le programme monumental de l’église d’Audincourt à deux artistes seulement : Bazaine et Léger, également rencontré à son retour d’Amérique.
1943
Grâce à Paulhan et en compagnie de Fautrier, Bazaine fait la connaissance de Braque qu’il verra fréquemment après-guerre, à Varengeville et à Paris.
Participe à l’exposition Douze Peintres d’aujourd’hui à la galerie de France à Paris (6 février-4 mars), objet d’un article très violent publié dans le journal collaborationniste Au Pilori, sous le titre « L’Art Zazou – Douze fumistes d’aujourd’hui ». On y trouve notamment le commentaire suivant : « Vous pourrez aussi, si le cœur vous en dit – et si vous l’avez bien accroché – chercher le « Nageur » de Bazaine. (Moi je ne l’ai pas trouvé !) Mais, attention au vertige… »
1945
L’exposition Bazaine Estève Lapicque présentée à la galerie Louis Carré marque profondément l’actualité artistique de l’après-guerre.
L’incendie de son atelier, rue Oudinot à Paris, détruit la presque totalité de son œuvre antérieure à 1942.
1946-1947
Premières expositions importantes en Europe, aux Stedelijk Museum d’Amsterdam, Statens Museum for Kunst de Copenhague, et Föreningen för Nutida Konst à Stockholm.
Il faut noter que l’œuvre de Bazaine recevra toujours le meilleur accueil dans les pays nordiques où il fera plusieurs voyages et bénéficiera de nombreuses expositions personnelles. L’Allemagne, la Suisse, les Pays-Bas et la Scandinavie joueront un rôle majeur quant à la diffusion et la reconnaissance internationale de sa peinture.
Rencontre Henri Laurens avec qui il sera également très lié.
1948
Donne une conférence à Bruxelles et à Anvers en compagnie de Fernand Léger.
Participe à la XXIVe Biennale de Venise, Pavillon français.
Publie Notes sur la peinture d’aujourd’hui aux éditions Floury, à Paris. Ce livre, préparé de longue date, réédité à plusieurs reprises au Seuil et traduit en différentes langues, devait marquer profondément la réflexion esthétique des années cinquante et soixante en répondant au besoin, alors fortement ressenti, de dépasser l’opposition dogmatique établie entre « abstraits » et « figuratifs ».
1949
Première exposition particulière à la galerie Maeght où il exposera dès lors régulièrement jusqu’en 1977.
1950
Première exposition à la galerie Blanche à Stockholm.
Seconde mention du Carnegie Price, Pittsburgh International Exhibition of Painting.
1951
Bazaine participe à la IIe Exposition internationale d’art expérimental, au palais des Beaux-Arts de Liège, à l’invitation du groupe COBRA (pourtant très peu tourné vers Paris). La revue COBRA témoigne également à plusieurs reprises (n° 6, avril 1950, n° 7, automne 1950 et n° 10, automne 1951), par les voix d’Alechinsky et Dotremont, de son intérêt pour Bazaine dont elle reproduit en outre L’Arbre au plongeur, 1950 et publie un article.
L’œuvre de Bazaine commence alors d’exercer depuis quelques années une forte influence européenne, sur des artistes d’origines et de générations différentes, parfois inattendues. Ainsi, René Passeron notera-t-il : Max Ernst « va développer un style nouveau, dont Walberg a vu poindre l’origine dès 1943 (…) : style assez proche de celui de Bazaine, dont Max Ernst ne cache pas qu’il l’admire » (« Le surréalisme aujourd’hui », Depuis 45 – L’Art de notre temps, vol. II, La Connaissance, Bruxelles, 1970). Passeron cite pour exemple de ce rapprochement, dans l’œuvre de Ernst, différentes peintures telles que Le Cri de la mouette ou Oiseau au-dessus de la mer, 1953.
Inauguration de la mosaïque monumentale d’Audincourt qui se trouvera en première ligne dans la « querelle de l’art sacré » l’année suivante.
Participe à la 1a Biennale de São Paulo ainsi qu’à sa seconde édition en 1953.
1951-1952
Advancing French Art (Bazaine, Estève, Lanskoy, Lapicque, Schneider, Soulages, de Staël), The Phillips Gallery, Washington, D.C. ; Museum of Modern Art, San Francisco ; J.B. Speed Art Museum, Louisville ; Museum of Art, Baltimore ; The Arts Club, University of Michigan, Chicago.
1952
Invité par la fondation Carnegie comme membre européen du jury de la Pittsburgh International Exhibition of Contemporary Painting, en compagnie du peintre américain Baziotes, Bazaine effectue son premier voyage aux États-Unis. Avec la Bretagne, la Hollande et l’Espagne qu’il découvrira l’année suivante, ce vaste pays est l’un de ceux qui ont le plus marqué son œuvre.
Participe à la XXVIe Biennale de Venise.
Réalise décors et costumes pour le ballet de Janine Charrat, Massacre des Amazones.
À cette époque, Bazaine occupe un atelier Porte de Vanves, à côté de la « zone », où il est voisin de son ami Giacometti.
1954
Second séjour en Espagne.
Première œuvre en dalle de verre pour le baptistère d’Audincourt.
Création de deux vitraux pour la chapelle romane du château de La Chaux à Alligny-en-Morvan (Nièvre).
1955
Séjours successifs à Rochetaillée (près de Saint-Étienne) où il rejoint Jean Dasté : il y dessine longuement les structures dynamiques des rochers, étroitement apparentées aux motifs des branches et écorces d’arbres ou aux remous d’eaux.
Participe à Documenta I, Kassel.
1955-1956
The New Decade: 22 European Painters and Sculptors, Museum of Modern Art, New York ; Institute of Arts, Minneapolis ; Los Angeles County Museum ; Museum of Art, San Francisco.
1956
Premier séjour en Zeeland (Pays-Bas), où il retournera chaque été jusqu’en 1958. Cette expérience nouvelle de la lumière – « ciel, terre et eau répercutés à l’infini » – et de l’espace retentira profondément sur son œuvre des années à venir.
Hollande sera également le thème d’un album d’aquarelles et de dessins publié en 1962, avec des textes de Jean Tardieu, aux éditions Maeght.
Bazaine est désigné comme candidat de la France pour le prix Guggenheim.
1957
La Flamme et le plongeur (1953) intègre la collection du Museum of Modern Art de New York.
1958
Rencontre le Père Joseph Wresinski et réalise un ensemble de vitraux pour le centre d’accueil des Sans-Logis – Aide à Toute Détresse – de Noisy-le-Grand.
Bazaine exécute des vitraux pour l’église Notre-Dame de la Paix de Villeparisis et pour la chapelle de Burdignin, deux édifices modernes construits par l’architecte Maurice Novarina.
1958-1959
Première exposition rétrospective à la Kunsthalle de Berne, au Stedelijk Van Abbe Museum à Eindhoven, et au Stedelijk Museum à Amsterdam.
1959
Participe à Documenta II, Kassel.
1959-1960
Fifteen Painters from Paris, The Corcoran Gallery of Art, Colombus ; The Art Gallery of Toronto ; The City Museum of Saint Louis ; The San Francisco Museum.
1960
L’œuvre de Bazaine est alors présente dans les principaux musées européens mais aussi dans la plupart des grandes collections privées internationales : Beatrice Glass et Mery Kyam, Thomson et Zadok aux États-Unis, Beyeler, Didisheim et Nathan en Suisse, comte Palffy à Vienne, Cavellini à Brescia, Dotremont, Evercoert, Graindorge, Grubben et van Geluwe en Belgique, Moltzau et Sonja Henie à Oslo, de Croisset à Paris, etc.
L’Unesco lui commande une mosaïque pour décorer un de ses bâtiments à Paris.
1961
Voyage à Moscou à l’occasion de l’Exposition d’art français. Bazaine y fait une conférence sur « La peinture et le monde d’aujourd’hui » qui connaît un vrai succès, malgré l’opposition des autorités. Des conférences sur le même thème auront lieu à Bucarest en 1962, à Prague et Budapest en 1966.
Œuvre monumentale pour le paquebot France avec la collaboration de deux mosaïstes originaires de Ravenne : L. Melano et L. Guardigli.
1962
Troisième séjour en Espagne.
1963
Bazaine s’installe dans l’atelier de Clamart.
Deuxième rétrospective présentée à la Kestner-Gesellschaft à Hanovre, à la Kunsthaus de Zurich, et au Kunstnernes Hus à Oslo.
Commande d’une mosaïque pour la maison de la Radio à Paris.
1964
Exposition au Konstmuseum de Göteborg.
Jean Bazaine reçoit le Grand Prix national des Arts. Déjà présente dans la plupart des grands musées européens, son œuvre fait l’objet d’une première acquisition significative par l’État français à l’initiative de Gaétan Picon (Entre la pierre et l’eau, 1964, musée national d’Art moderne).
Participe à la XXXIIe Biennale de Venise.
1965
Exposition rétrospective au musée national d’Art moderne, à Paris.
Bazaine commence le programme des vitraux de l’église Saint-Séverin à Paris, auquel il travaillera pendant cinq ans.
Pour le Skissernas Museum de Lund, il réalise une mosaïque d’après un détail de celle de la maison de la Radio.
1966
Il réalise durant l’été à Saint-Guénolé un ensemble exceptionnel de plus de cinquante dessins à la plume et à l’encre, d’une « écriture » tout-à-fait inédite, à la fois dense et frénétique, comme ivre. « J’ai dessiné… follement ! dira Bazaine, (…) dix heures par jour pendant deux mois, trois mois je ne sais plus, avec des fortunes diverses, mais sans idée de réussite : j’étais seulement fou de dessin. » Le dessin, qu’il pratique sans cesse tout au long de sa vie de peintre et dont il renouvelle puissamment le langage, constitue un aspect essentiel de l’œuvre de Bazaine, peut-être celui à travers lequel se lit le plus clairement son évolution.
1967
Voyage au Canada.
Exposition d’aquarelles et dessins au Stedelijk Museum d’Amsterdam.
Organise avec Calder une exposition-vente au profit de la Croix-Rouge vietnamienne.
1968
Organise en mai, à la Faculté des sciences de Jussieu, une exposition-vente en faveur des étudiants et réalise une affiche pour la défense de l’O.R.T.F.
Second voyage à Prague à l’occasion d’une exposition à la Galerie nationale.
1970
Marguerite Maeght lui demande de créer un vitrail pour la chapelle Sainte-Roseline des Arcs (Var) ; celui-ci y côtoie les œuvres de Raoul Ubac, Marc Chagall, Diego Giacometti.
Exposition au château de Ratilly, avec Calder.
1972
Exposition rétrospective aux musées de Metz.
1973
Parution de Exercice de la peinture aux éditions du Seuil.
Bazaine compose des vitraux pour la chapelle du château de Penguilly (Finistère) et le Skissernas Museum de Lund (Suède).
1974
Réalise un ensemble de tapisseries sur le thème des Blasons des douze mois qui seront exposées l’année suivante au musée d’Art moderne de la Ville de Paris.
1976
Suite aux premiers « nettoyages » des verrières de Chartres, Bazaine fonde avec Alfred Manessier l’Association pour la défense des vitraux de France.
Exposition à la galerie Maeght de Zurich.
1977
Exposition rétrospective au musée des Beaux-Arts de Rouen.
1977-1980
Il subit deux opérations de la cataracte. Durant ces années, Bazaine se consacre essentiellement à l’aquarelle, de grand format (La Chambre de musique, 1978, acquise par le FNAC et en dépôt au musée des Beaux-Arts de Nantes), et à plusieurs projets monumentaux parmi lesquels un ensemble de vitraux pour la chapelle Ty ar Zonj à Locronan (Finistère) et une mosaïque pour la faculté des sciences de l’université de Metz.
1978-1979
Bazaine reçoit la commande de six vitraux pour l’église Notre-Dame de l’Épine à Berlens (Suisse) ; ce sont les seuls panneaux qu’il crée sans grisaille.
1979-1981
Bazaine crée six vitraux pour la chapelle de la Madeleine à Penmarc’h.
1980
Nommé Commandeur des Arts et Lettres.
Exposition itinérante d’œuvres récentes à Édimbourg, Londres et Athènes.
1982
Exposition rétrospective au musée des Beaux-Arts de Quimper.
1983
Exposition rétrospective au Kunstsentret Sonja Henie-Niels Onstad à Oslo.
Exposition d’œuvres récentes au Mjellby Konstgård à Halmstad (Suède).
1983-1987
Commande de quatre vitraux pour l’abbaye cistercienne d’Hauterive (Suisse).
Mosaïque pour l’hôtel de ville de Martigues.
1984
Exposition à la galerie Adrien Maeght.
Exposition rétrospective au musée Unterlinden à Colmar.
1984-1988
Jean Bazaine, à qui les Monuments historiques avaient proposé la réalisation des vitraux de la cathédrale de Saint-Dié, gravement endommagée durant la Seconde Guerre mondiale, décide de réunir, pour ce vaste chantier dont il sera le maître d’œuvre, une équipe de « compagnons », peintres et maîtres verriers.
Durant la même période, il réalise une importante mosaïque pour le Sénat (palais du Luxembourg) et surtout, à la demande du ministre de la Culture Jack Lang, un grand ensemble décoratif en lave émaillée pour la station de métro Cluny-La Sorbonne.
1987
Exposition rétrospective à la fondation Maeght, Saint-Paul.
Exposition de la série des Chants de l’aube (1985) à la galerie Adrien Maeght.
1988-1989
Exposition rétrospective de dessins au musée Matisse du Cateau-Cambrésis.
1990
Nouvelle édition, chez Aubier, de Notes sur la peinture d’aujourd’hui. Exercice de la peinture ainsi que de plusieurs articles sous le titre Le Temps de la peinture.
Exposition rétrospective aux galeries nationales du Grand Palais à Paris.
Réalisation d’un vitrail civil pour l’hôtel de ville de Clamart.
1991
Création de l’ARIPA (Association pour le respect et l’intégrité du patrimoine artistique), témoignant de l’inquiétude envers les modes de restauration des musées nationaux, en France et à l’étranger, et proposant une réelle concertation entre restaurateurs et artistes.
Jean Bazaine renoue avec la galerie Louis Carré & Cie (Paris) qui expose ses « peintures récentes ».
Seconde commande pour l’église abbatiale d’Hauterive.
1992
Exposition Bazaine et le Théâtre à la maison de la Culture / scène nationale de Bourges.
Exposition rétrospective itinérante en Scandinavie (Charlottenborg, Copenhague ; Mjellby Konstgård, Halmstad ; Millesgarden, Stockholm).
Exposition d’œuvres sur papier (grandes aquarelles et série des Chiffons de travail – rochers ? coquillages ? – du peintre) à la galerie Louis Carré & Cie à Paris.
1993
Exposition itinérante des maquettes et esquisses des œuvres monumentales au musée municipal de Saint-Dié-des-Vosges et au Skissernas Museum de Lund (Suède).
1994
Exposition de vastes papiers découpés (Finistère) à la FIAC, stand galerie Louis Carré & Cie, Paris.
1994-1995
Exposition rétrospective de l’œuvre monumental au centre international du Vitrail (Chartres) puis au musée suisse du Vitrail (Romont, Suisse).
Réalisation de sept vitraux pour la chapelle Saint-Dominique, à Paris.
Jean Bazaine se consacre de plus en plus à la technique des papiers gouachés et découpés inaugurée dès 1992.
1995-1996
Réalisation d’une mosaïque pour la façade de l’église Saint-Guénolé à Concarneau (Finistère).
1996
Exposition Bazaine et ses Amis poètes au musée Toulouse-Lautrec à Albi.
Exposition rétrospective au musée d’art et d’histoire de Fribourg en Suisse.
Expositions simultanées au musée des Tapisseries, à la galerie de la Prévôté et à la fondation Saint-John Perse à Aix-en-Provence, lors du 49e festival international d’art lyrique dont Bazaine réalise également l’affiche.
L’Œuvre au noir, série de papiers découpés d’agrandissements de photocopies en noir et blanc nés de quelques éléments de maquette aux couleurs fortes, très travaillées dont l’agrandissement révèle une variété de valeurs allant du blanc léger à toutes les forces du noir, est présentée à la galerie Louis Carré & Cie à Paris.
1998
Exposition de collages récents et d’une mosaïque à la galerie Louis Carré & Cie à Paris.
Crée à la demande de la ville de Saint-Dié une immense mosaïque, L’Envol de la Liberté, pour la façade du monument à la Liberté – espace François Mitterrand. Achevée en 1999, celle-ci répond aux vitraux que Bazaine a conçus de 1984 à 1986 pour l’abside de la cathédrale sur le thème de la Résurrection.
1999
Crée une mosaïque noire et blanche pour le conservatoire Henri Dutilleux – compositeur dont il était proche – à Clamart.
2000
Bien que diminué physiquement, Jean Bazaine continue de travailler dans son atelier de Clamart à la réalisation de grands collages, inventant des formes tout-à-fait inédites dans son œuvre, parfois aux limites de la géométrie. « Heureusement, il y a le travail, me confie-t-il durant l’été. Ça paraît incroyable, mais ça m’excite comme quand j’avais trente ans ! » Il réalise également une série de peintures de petit format sur le thème de la mer, des vagues et des rochers. La Bretagne où il ne peut plus se rendre reste néanmoins très prégnante.
2001
Jean Bazaine meurt dans sa maison de Clamart, dans la soirée du dimanche 4 mars, au terme d’une journée de travail dans son atelier, ayant une dernière fois bouleversé l’ordonnancement d’un collage en cours.