Kcho
Cuba est une fenêtre entièrement ouverte sur la mer. L’œuvre de Kcho s’ouvre sur ces eaux d’un bleu unique, tel un archipel culturel dans la topographie visuelle cubaine. Kcho est en quelque sorte un synonyme de Cuba. D’un naturel heureux, tourmenté bien que sachant se maîtriser, mais aussi capable de tout bouleverser sur son passage, comme un tourbillon, Kcho est le paradigme du Cubain et de son destin : la mer. (Leonor Amarante, Brésil, 2002)
Kcho est né à Nueva Gerona sur l’Île de la Jeunesse (Isla de la Juventud), une petite île au sud de Cuba, le 12 février 1970.
De 1983 à 1986, il étudie à l’école élémentaire d’art de Nueva Gerona, puis il part pour la capitale afin de poursuivre ses études à l’École nationale d’art. Il obtient son diplôme en 1990.
En 1992, première exposition personnelle, « Desde el paisaje », au musée national des Beaux-Arts de La Havane. « Son œuvre est le paradigme d’un univers artistique particulier, né d’un intérêt croissant qui le pousse à approfondir ses recherches dans ce sens et qui permet à son activité artistique de dépasser les attentes » (Hortensia Montero, commissaire de l’exposition « Desde el paisaje »).
En 1991, première participation à une exposition à l’étranger au musée Alejandro Otero, de Caracas. Les œuvres exposées dégagent une complicité en phase avec la nature… « Nous sommes face à une poésie rurale, spontanée, intime, exprimée à travers les ressources de la plastique actuelle » (Gerardo Mosquera, 1991)
Pour Kcho, la mer « est la frontière invisible. Une seule certitude : Cuba demeurera à jamais une île. Pour moi, la mer est quelque chose de très important et je sais aussi à quel point elle compte pour tous les Cubains, avec toutes les histoires qu’elle recèle. À travers mon travail, j’essaie de contribuer à la réflexion sur ces thèmes. Nous, les artistes, transposons des idées. C’est une grande responsabilité, c’est pourquoi nous devons savoir vraiment jusqu’où nous pouvons regarder et comment le faire. »
Kcho a été récompensé à plusieurs reprises. Il reçoit en 1995, le prix pour la promotion des Arts décerné par l’Unesco, à Paris, et le grand prix de la Biennale de Kwangju (Corée du Sud). En 1994, la Fondation Ludwig d’Aix-la-Chapelle lui attribue une bourse. Il y expose Regata, une œuvre emblématique faite d’un ensemble de bateaux et de divers éléments ramassés au bord de la mer par l’artiste. La même année, cette installation est présentée pour la première fois à la Ve Biennale de La Havane. Elle fait partie de la collection permanente du musée Ludwig de Cologne. « J’aime travailler avec des matériaux usés pour le concentré d’énergie qu’ils dégagent, ils possèdent une lumière particulière. Je ne travaille pas avec des déchets mais avec de la vie passée. Cela est fondamental dans mon œuvre. Ces matériaux ont une histoire. Mes pièces se concentrent sur cette énergie, qui en outre fait participer l’autre » (Kcho, 2002).
En 1999, il vient en résidence à l’atelier Calder à Saché et cette opportunité de travailler avec les outils du maître, dans son propre espace, stimule Kcho au point qu’il réalise une importante série de mobiles composée de rames, d’hélices et autres éléments, qui sera exposée par la suite au C.C.C. à Tours.
En l’espace d’une quinzaine d’années, Kcho a su, grâce à une œuvre de caractère et d’une grande vigueur, prendre une place importante dans l’art contemporain actuel.
Son iconographie s’appuie sur des éléments répétitifs liés à la mer comme les canots, les embarcadères, les pneus, les hélices et les rames. Son œuvre est présente dans les institutions et les musées les plus importants au monde. Parmi les pièces les plus significatives, on peut citer A los ojos de la historia, 1992, une structure en branches de « marabú », première référence à la tour de Tatlin, la spirale de l’utopie ; Obras escogidas, 1994 ; Lo mejor del verano, 1994, installation figurant dans l’exposition « Cocido y crudo » au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía, de Madrid ; en 1995, il expose No juego, El camino de la nostalgia et Para Olvidar, cette dernière lui vaut le prix de la Biennale de Kwangju (Corée du Sud) ; en 1996, le Museum of Modern Art, de New York (Moma) fait l’acquisition de la Columna Infinita, première d’une longue série homonyme caractérisée par une accumulation verticale d’objets défiant les lois de la gravité afin d’atteindre l’infini. Kcho fait évidemment allusion à Brancusi, auquel il rend hommage à travers cette œuvre.
En 1997, le Museum of Contemporary Art, de Los Angeles expose son projet Todo cambia ; cette même année, il réalise pour le Musée d’Israël à Jérusalem l’installation Hablar de lo evidente nunca fue para nosotros un placer ; pendant la VIe Biennale de La Havane, Kcho réalise sa colonne infinie Archipiélago en mi pensamiento (1997), qui sera par la suite exposée à la galerie nationale Jeu de Paume à Paris et à Chicago en 1999 ainsi qu’au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía, à Madrid ; au Museo Nacional Palacio de Bellas Artes de La Havane (en 2001) et à la Galería Cívica de Arte Moderna y Contemporánea, à Turin (en 2002), il présente La Jungla « …résultat de toute cette connaissance et cette admiration pour le travail de Lam » (Kcho, 2002).
L’œuvre de Kcho a été montrée dans différentes parties du monde : une cinquantaine d’expositions personnelles à Cuba, en Espagne, aux États-Unis, en Italie, au Canada, en Israël, au Japon, en France, au Portugal, au Mexique et au Brésil, ainsi que plus de 150 expositions collectives réparties sur tous les continents. Les plus importantes biennales du monde ont accueilli son œuvre : La Havane, Venise , Johannesburg, Sydney, São Paulo, Dakar, Valence en Espagne, Istanbul.
Elles sont également présentes dans d’importantes collections publiques comme le Museo Nacional Palacio de Bellas Artes de La Havane, le Museum of Modern Art de New York, le Museum of Contemporary Art de Los Angeles, le Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía de Madrid, le Ludwig Forum für Internationale Kunst d’Aix-la-Chapelle et le Museum Ludwig de Cologne, l’Israel Museum de Jérusalem, le Van Reekum Museum d’Apeldoorn (Hollande), la Fundación Pilar i Joan Miró de Palma de Majorque, le Centre International d’Art Contemporain de Montréal, le Museo de Arte Contemporáneo Sofía Imber de Caracas et le Kwangju National Museum. (Corée du Sud).
« Le travail de Kcho s’insère dans un carrefour controversé de l’art cubain contemporain… Son œuvre se distingue par une incroyable maturité iconographique. Doté d’une versatilité innée pour maîtriser à sa guise la matière factuelle et éclairer la tridimensionnalité dans toutes ses manifestations, il articule de manière particulière les circonstances individuelles avec tout un héritage historique et socioculturel de grande valeur ».
(José Manuel Noceda, La Havane, 2001).
« POUR MOI, LA MER EST QUELQUE CHOSE DE TRÈS IMPORTANT ET JE SAIS AUSSI À QUEL POINT ELLE COMPTE POUR TOUS LES CUBAINS, AVEC TOUTES LES HISTOIRES QU’ELLE RECÈLE. »
Bois, fils de nylon, fil de coton et métal
44 x 38 x 25 cm
KCHO